Aina RANDRIANATOANDRO (Madagascar): 2ème Prix du concours panafricain de critique d’art 2020

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« Un air de Kora » d’Angèle Diabang : les passions à l’épreuve des tabous

Tandis que « Mon beau sourire » nous montre le douloureux rite initiatique du tatouage des gencives auquel sont soumises les femmes sénégalaises, « Sénégalaises et Islam » expose leur façon de vivre la religion musulmane. « Ma coépouse bien-aimée » aborde quant à elle, le thème de la polygamie.

Avec « Un air de kora », une fiction de 24 minutes réalisée en 2019, sa dernière réalisation primée dans divers festivals de cinéma, Angèle Diabang se montre plus que jamais fidèle à son style. Mieux, au-delà de montrer une jeune femme écrasée par le poids de la tradition, la réalisatrice livre une histoire d’amour aussi originale qu’impossible.

Dès les premières images du court métrage, on s’attache à Salma, une jeune musulmane voilée qui dodeline de la tête en regardant son père musicien jouer de la kora. Elle aimerait aussi jouer de cet instrument de musique, mais il est de coutume que seuls les hommes y ont droit.

Ce poids écrasant de la tradition est davantage amplifié dans une autre séquence où la femme est réduite à ses marmites. Tandis que Salma cherchait à toucher à la kora à l’abri des yeux de son entourage, elle se fit appeler par sa mère qui lui demanda de l’aider à la cuisine, essuyant par la suite des reproches sur sa manière de faire. « A ton âge, j’étais excellente cuisinière et déjà mariée »lance sa mère qui perpétue à volonté l’image traditionnelle de la femme idéale : une épouse apte à s’occuper de la maison et à satisfaire son mari.

En tant qu’histoire d’amour, « Un air de kora » respecte la convention de la rencontre. Ce n’est pas un cliché, il s’agit d’une convention inhérente au genre. Le cliché serait que les individus se rencontrent de la manière dont les couples des histoires d’amour se rencontrent toujours. Et c’est là que le film se démarque vraiment par son originalité. A commencer par les circonstances de la rencontre. Un jour, alors que Salma va chercher la kora de son père au monastère, un moine lui offre l’opportunité de prendre secrètement des cours avec le frère Manuel, moine de Keur Moussa à 50 kilomètres de Dakar réputé ingénieux dans l’art de fabriquer et de jouer la kora.

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