« Un air de Kora » d’Angèle Diabang : la force des frontières fragiles
A l’instar des structures minutieuses des fictions, « Un air de Kora » obéit à la théorie des trois actes qui respectent dans une large mesure la dimension du temps du récit filmique : le premier acte est réservé à l’exposition et la réalisatrice nous a fait découvrir les lieux, les personnages et a annoncé une part de l’intrigue sans pour autant tomber dans la révélation imprudente du dénouement. Le deuxième acte a été réservé à la révélation progressive d’un sentiment d’amour entre Salma, membre d’une famille griotte virtuose de la kora, et Manuel, moine de l’Abbaye de Keur Moussa à 50 kilomètres à l’est de Dakar, les deux personnages principaux du film ; un fait nécessaire à l’histoire et présenté au récepteur à petites doses capables de créer l’intérêt et le suspense. Quant au troisième acte, la réalisatrice l’a consacré à attiser le nœud et chercher un dénouement ouvert, loin des happy-ends.
Les espaces et les costumes
« Un air de kora » est un film qui laisse réfléchir sur l’espace, les décors, les costumes et leur apport à l’histoire et au foisonnement de la narration. Les lieux où évoluent les protagonistes, individuellement ou ensemble, sont clos et parfois présentés en compartiments comme c’est le cas de la maison de famille de Salma. Cet espace reflète la ségrégation basée sur le genre car d’un côté se trouvent les hommes en train de se distraire et jouer de la kora, et de l’autre, des femmes en train de peiner pour nourrir les hommes. Cette séparation est mise en doute par la réalisatrice parce qu’elle a choisi un moyen de séparation dérisoire : un drap.
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